Entretien : Arnaud Cosson
Publié par Pôle Science & Société Le Mans Université, le 20 mai 2025 1

Arnaud Cosson
FONDATEUR ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ HRV SIMULATION MET EN LUMIÈRE LE LIEN FORT QUI PEUT EXISTER ENTRE LE MONDE ACADÉMIQUE ET LE MONDE INDUSTRIEL, À TRAVERS L’EXPÉRIENCE DE SON ENTREPRISE.
QUEL EST L’APPORT DE LA COLLABORATION ENTRE VOTRE ENTREPRISE ET L’UNIVERSITÉ ?
Depuis 10 ans que nous existons, nous nous sommes positionnés dans la recherche et le développement expérimental. Nous avons développé des produits tels que Virteasy, mais aussi Nawo, qui utilise la capture de mouvement pour faire de l’analyse ergonomique de poste en milieu industriel, et Cottos, une expérience de balade virtuelle en vélo pour les séniors. Le projet Evago combine les approches de Virteasy et de Nawo.
Nous avons toujours collaboré avec des laboratoires, car nous ne disposons ni des équipes ni des compétences pour développer nos projets seuls. Le lien entre la recherche et l’industrialisation est essentiel pour mettre de nouveaux produits sur le marché. Nous équipons des pionniers, en quelque sorte.
Nous avons connu des difficultés de suivi des projets en raison de l’éloignement avec certains laboratoires. En revanche, notre proximité géographique avec le LIUM crée une interaction forte. C’est Ludovic Hamon, pilote du projet Evago, qui a suggéré que nous répondions ensemble à l’appel à projets de l’ANR*. Nous avons été retenus à la deuxième tentative. Plusieurs doctorants (laboratoires RMeS, CREN, LIUM en thèse académique ou dispositif CIFRE) travaillent sur les projets que nous développons.
QUELLE EST L’INNOVATION DANS L’APPLICATION VIRTEASY, PAR RAPPORT À LA CONCURRENCE ?
Nous réalisons des simulations de chirurgie sur les dents au millimètre cube près et effectuons de la mise à jour graphique en quasi temps réel, grâce à des algorithmes et des affichages précis.
Surtout, par rapport à nos concurrents, nous avons développé le premier simulateur capable d’analyser et de donner des retours sur le geste et la posture.
Nous nous positionnons dans la chaine d’apprentissage des étudiants de façon complémentaire aux pratiques existantes.
COMMENT AVEZ-VOUS COMMENCÉ ?
À l’origine, nous avons racheté le prototype d’une start-up. Pour un projet d’innovation de cette envergure, le chemin est long et la difficulté permanente : mise au point, attente, validation… Le défi technologique est considérable.
D’un point de vue industriel, nous opérons sur un marché de niche mondial, réalisant entre 80 et 90 % de notre chiffre d’affaires à l’export, notamment auprès de pays émergents qui ont un besoin de formation, comme le Pakistan ou la Palestine.
La rupture est totale si l’on se réfère aux pratiques usuelles dans les facultés pour la formation des chirurgiens.
VOTRE TECHNOLOGIE REPRÉSENTE-T-ELLE UNE RUPTURE ?
Oui, nous ne suivons pas la même approche que les « licornes » actuelles qui sont souvent des plateformes web peu innovantes. Notre société apporte une vraie rupture technologique, en combinant le retour haptique (qui donne l’impression d’un retour de force dans le mouvement) et la visualisation 3D. L’interaction physique avec le virtuel dans le domaine en chirurgie remonte au début des années 2000. Bien que les technologies aient beaucoup évolué depuis, le déploiement reste expérimental. En résumé, le concept existe depuis longtemps, mais la rupture est encore totale si l’on se réfère aux pratiques encore usuelles dans les facultés pour la formation des chirurgiens.