Margaux de Seilhac et Julien Godard, les deux grands gagnants de Ma Thèse en 180 secondes en Pays de la Loire

Publié par EchoSciences Pays de la Loire, le 26 mai 2025   590

Le concours Ma Thèse en 180 secondes est un véritable exercice de vulgarisation : en seulement 3 minutes, les doctorant.e.s participant.e.s ont pour but d’expliquer leur thèse, de manière claire et abordable, à un public profane. L’objectif ? Rendre la recherche accessible à tous.tes et développer les compétences en communication des jeunes chercheur.euse.s.

La sélection régionale de Ma Thèse en 180 secondes (MT180) en Pays de la Loire, s’est tenue le mardi 18 mars 2025. Elle a mis en lumière des talents émérites capables de captiver un auditoire dans un laps de temps très court. Parmi les 14 participant.e.s, 2 orateur.ice.s se sont démarqué.e.s par leur capacité à exposer leur thèse avec passion, clarté et éloquence. Leur performance a non seulement impressionné le jury, mais a également laissé une empreinte mémorable sur le public. 

Pour vous, nous avons rencontré les deux gagnant.e.s, Julien Godard, qui a reçu le prix du public grâce à la tournure théâtral de son discours, et Margaux de Seilhac, avec son humour mordant, a obtenu le prix du jury. Une victoire qui lui permet d’accéder à la finale nationale qui se déroulera le 17 juin prochain à Paris. Plongeons dans l’univers de ces deux lauréat.e.s, découvrons leurs parcours, leurs thèses novatrices et les secrets de leur succès. 

Julien Godard: bousculer le traitement de la maladie de Huntington par le jeu vidéo. 

Julien Godard © Université d'Angers

Initialement attiré par la kinésithérapie, Julien Godard s’engage dans une licence et un master STAPS à Amiens puis au Mans. Durant cette licence, il découvre l’activité physique adaptée, puis effectue son stage de Master au Laboratoire Motricité, Interaction, Performance, relié à l’université du Mans. Ce stage portait sur ce qui est, depuis, devenu son sujet de mémoire puis de thèse : l’entraînement cognitivo-moteur via les jeux vidéo, chez la maladie de Huntington. C’est-à-dire, les effets de l’entraînement physique et mental sur la motricité des personnes atteintes de la maladie de Huntington, décrite par Julien comme étant « la cousine de la maladie de Parkinson, mais en beaucoup plus rare ». Après avoir entendu parler de Ma Thèse en 180 secondes grâce à une amie, à lépoque également doctorante et dont il a pu suivre le parcours lors du concours, il se lance dans l’aventure 2 ans plus tard. 

Ayant déjà un bagage en vulgarisation scientifique, expliquer son sujet de recherche de façon à la rendre accessible à tous.tes n’était pas le plus grand défi de Julien. En effet, durant sa thèse, il a pu se livrer à diverses formations en communication, en vulgarisation et en diffusion de la culture scientifique. Le véritable challenge a été de trouver une idée originale, qui se démarque de celle des autres participant.e.s. « L’inspiration ? Elle m’est difficilement venue ! » Finalement, lors d’un exercice de préparation, il finit par trouver l’idée de comparer la maladie de Huntington à une boite de nuit infernale. En définitive, dans sa prestation, Julien a tout de même réussi à garder un côté naturel, tout en lâchant prise sur scène : « je me suis dit, dans ce concours il ne faut pas avoir peur du regard des autres, il faut être naturel : si t’as envie de crier, crie. Si t’as envie de danser, danse. Tu fais ce que tu veux ». 

À l’annonce des résultats, Julien Godard déclare avoir d’abord été très surpris, puis avoir ressenti beaucoup de fierté. « La vulgarisation scientifique c’est essentiel en tant que chercheur », il explique essayer de développer des initiatives à but pédagogique dans son domaine car il estime qu’il est important que le grand public puisse être informé des pratiques des chercheur.euse.s, et que cette démarche pourrait faire naître des vocations tant chez les petits que chez les grands : « donc pour moi, recevoir ce prix c’était une marque de reconnaissance ». 

En fin de compte, que ce soient les formations préalables ou le concours en lui-même, Julien affirme avoir apprécié l’expérience dans son ensemble et que ça lui a permis de découvrir et nouer des liens avec des doctorant.e.s d’autres villes. L’ambiance y était conviviale et les participantes et participants se soutenaient les un.e.s les autres, ce qui a fortement contribué à ce que MT180 reste un souvenir mémorable. Il révèle également que ça l’a aidé à être plus naturel sur scène ainsi que dans ses prises de paroles publiques. Par ailleurs, après sa thèse, Julien Godard confie que, quoi qu’il fasse, il aspire à continuer d’aller au contact du grand public, pour expliquer son travail de recherche. 

Margaux de Seilhac : le transfert de microbiote fécal, une nouvelle parade à la maladie du Greffon contre l’hôte. 

Margaux de Seilhac © Université d'Angers

Margaux de Seilhac, quant à elle, s’est engagée dans une Licence Sciences de la Vie puis un Master Biothérapies et Médicaments de Thérapie Innovante (BMTI) à Nantes Université. Inspirée par ses stages de Master, elle commence ensuite une thèse en immunologie, c’est-à-dire l’étude du système immunitaire, et étudie le microbiote intestinal. Son sujet s’intitule : « Traitement de la maladie du greffon contre l'hôte par transfert de microbiote fécal : rôle des lymphocytes T régulateurs » et porte sur le développement d’un traitement à base de selles de personnes en bonne santé contenant une multitude de bonnes bactéries, afin de contrer la maladie du Greffon contre l’hôte. C'est une maladie qui a lieu après une greffe de moelle osseuse, qui elle-même est utilisée pour tenter de soigner les patient.e.s atteint.e.s d’un cancer du sang. Si Margaux a souhaité participer à Ma Thèse en 180 secondes c’est parce que, n’ayant jamais été sur scène avant, cela représentait un véritable défi personnel. D’autant que résumer des années de recherche en 3 minutes devant des néophytes, demande un travail de vulgarisation important. 

« Ça a vraiment été une expérience enrichissante !» Pour Margaux, le concours Ma Thèse en 180 seconde a été très instructif, à différents niveaux : elle explique avoir beaucoup appris sur elle-même, par exemple, la gestion du stress et de ses émotions sur scène et devant un public, ou la vulgarisation scientifique. Elle a également largement apprécié d’avoir pu rencontrer de nouveaux et nouvelles doctorant.e.s, mais aussi d’avoir pu assister à leur prestation : « Ce sont des sujets très variés et au bout de 3 minutes, on a l’impression de tout comprendre à quelque chose qui n’est pas du tout dans son domaine, franchement j’ai trouvé que tout était impressionnant ». 

Pour l’écriture de son texte, Margaux de Seilhac a essayé de se glisser dans la peau d’une personne étrangère à son domaine, afin de prendre du recul. Suite à de nombreux changements de texte, et des conseils de la part de collègues doctorant.e.s et des formateur.ice.s présent.e.s, elle a fini par trouver sa marque de fabrique : l’auto-dérision. « Je pense que déjà, le transfert de microbiote fécale c’est un sujet assez chouette à vulgariser ». En effet, si le sujet est très sérieux, il peut aussi prêter à rire, et ça, Margaux l’a bien compris et s’en est donc servi pour sa prestation. En faisant un parallèle entre le système immunitaire et une équipe de football, elle a choisi d’imager de manière claire la maladie du Greffon contre l’hôte et le traitement qu’elle aide à développer. Elle précise par ailleurs que ce traitement, qui est déjà testé sur des patient.e.s atteint.e.s de ce trouble, a déjà permis de sauver des dizaines de vies ! 

Lors de la première étape de sélection de Ma Thèse en 180 secondes, Margaux confie avoir oublié son texte le temps d’un instant à cause du stress, ce qui a failli lui faire perdre ses moyens. Mais après s’être ressaisie, le jury lui a laissé sa chance, et finalement, elle réussit à se qualifier jusqu’en finale nationale qui se déroulera à Paris le 17 juin 2025.À ce propos, elle déclare être légèrement stressée mais très enthousiaste : « et puis il y a un peu d’excitation, monter sur la scène de La Villette à Paris ce n’est pas quelque chose qu’on peut faire tous les jours ! ». Margaux figure donc parmi les 16 finalistes, sélectionnés dans différentes régions, et réalisant leur thèse dans des domaines variés : pour elle, « il y a encore pleins de choses à apprendre ». 

Après sa thèse, Margaux de Seilhac ambitionne de continuer à exercer dans le domaine de l’immunologie, et y faire de la recherche appliquée, en travaillant sur le développement de nouvelles thérapies. En attendant, nous lui souhaitons bonne chance pour le 17 juin prochain ! 

« Soyez curieux ! » 

En définitive, Julien Godard et Margaux de Seilhac recommandent tous deux, aux étudiant.e.s qui souhaiteraient eux-mêmes s’engager dans la recherche, d’être curieux avant tout. Pour Julien, les compétences essentielles pour un doctorant sont la curiosité, l’esprit critique (que ce soit envers soi-même comme envers ce qui nous entoure) et l’ouverture d’esprit. Il ajoute : « Il ne faut pas hésiter à en parler autour de soi, à n’importe qui. Une des méthodes qui fonctionne le mieux c’est le bouche-à-oreille ! ». Tous deux invitent également les doctorant.e.s que ça intéresse à participer à Ma Thèse en 180 secondes. Par ailleurs, Margaux soutient : « Lancez-vous ; il n’y a rien à perdre et pleins de choses à apprendre. Pour tout le monde c’est un défi personnel, ça nous fait sortir de notre zone de confort, mais apprendre à vulgariser son sujet de thèse ça permet aussi de prendre du recul ».   

Si cela vous intéresse, nous vous invitons à (re)regarder la prestation de Margaux de Seilhac et Julien Godard. Il sera également possible de suivre, gratuitement, la finale nationale le 17 juin 2025. 

Article écrit par Odile de Floris pour EchoSciences Pays de la Loire