Lady Ada Lovelace et la machine analytique

Publié par Jean-Pierre Escofier, le 19 février 2024   110

L'association Rennes en Sciences (http://www.rennesensciences.fr ; on peut se procurer les cahiers sur ce site, 5 euros en général) a publié son Cahier numéro 12 (rédigé par Jean-Pierre Escofier) sous ce titre.

Le département d'informatique créé à la fin des années 1960 et l'IRISA (Institut de Recherche en Infromatique et Systèmes aléatoires sont parmi les réussites de l'Université de Rennes. Aux origines de ces structures est l'arrivée à Rennes, en 1963, sous l'impulsion de Jean-Paul Benzécri, d'un IBM 1620 à la faculté des sciences, alors place Pasteur. Sur ce petit ordinateur, une jeune chercheuse, Brigitte Cordier, réalisera, sous la direction de Benzécri, les premiers programmes d'une méthode statistique nouvelle : l'Analyse factorielle des correspondances, dont le succès a fait qu'elle est aujourd'hui utilisée par beaucoup sans en connaître les origines.

Le Cahier numéro 12 retrace une étape plus ancienne de l'histoire de l'informatique, les travaux de lady Ada Lovelace, une jeune femme au destin tragique, fille du poète lord Byron, considérée comme une pionnière de l'informatique. Elle invente la première boucle conditionnelle, écrit les tout premiers programmes, décrit comment des cartes semblables à celles des métiers Jacquard pouvaient guider leur exécution, alors qu'aucune machine n'avait pu être construite pour le faire.

Pierre-Louis Lions, médaille Fields 1994, professeur au Collège de France écrit (Dans la tête d'un mathématicien,  L'Harmattan, octobre 2020) : Ada Lovelace est une de mes héroïnes. Certains voient en elle la première femme scientifique de l'ère moderne. Elle est avant tout l'un des esprits les plus visionnaires de son temps, tout genres confondus… Son travail théorique s'accompagnait d'une compréhension très fine des possibilités promises par sa trouvaille : tout ce qui est quantifiable peut être traité, calculé automatiquement par la machine. Cette affirmation n'est rien d'autre que la prédiction de la société mathématique dans laquelle nous vivons.