Susciter des vocations chez les jeunes : 16 ans de partenariat entre Terre des Sciences et VEGEPOLYS VALLEY

Publié par Terre des Sciences, le 15 juillet 2024   310

En plein cœur des Pays de la Loire, le végétal palpite depuis des siècles, jusqu’à être devenu une composante identitaire du territoire. À Angers, les savoir-faire techniques et les expertises scientifiques du végétal n’ont cessé de se développer et rayonnent depuis plusieurs années à l’échelle nationale, et même internationale. Mais ce patrimoine est longtemps resté mal connu, voire méconnu, des publics, notamment des jeunes.

Comment favoriser la découverte et l’appropriation de ce végétal par les jeunes dans toutes ses composantes, y compris les opportunités d’orientation et d’emplois ? C’est tout l’enjeu du partenariat qui unit Terre des Sciences et VEGEPOLYS VALLEY depuis plus de 16 ans…

Mais reprenons depuis le début…

D’un côté, il y a Terre des Sciences : un Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle, créé en 1992 sous le statut associatif, avec pour grande mission de rendre les sciences accessibles à tous, y compris les sciences du végétal, secteur de recherche important en région Pays de la Loire où il est implanté.

De l’autre côté, il y a VEGEPOLYS VALLEY : un pôle de compétitivité du végétal, labellisé en 2005 sur le végétal spécialisé (VEGEPOLYS) et qui a fusionné avec un autre pôle de compétitivité spécialisé sur les grandes cultures (pôle Céréales Vallée) en 2019. Né sur un territoire d’excellence végétale, avec pour vocation de booster les innovations et de rassembler les acteurs de la recherche, de la formation et les entreprises du végétal, le pôle VEGEPOLYS VALLEY a inscrit dans ses objectifs, dès sa création, la promotion des savoir-faire du végétal auprès des publics : le grand public, mais également les scolaires :

  • d’une part, pour faire connaître et renforcer ces savoir-faire du végétal du territoire régional des Pays de la Loire à plus large échelle (le pôle a une vocation mondiale) ;
  • et d’autre part pour optimiser les chances de pérenniser et développer ces savoir-faire, tant ceux des scientifiques que ceux des entreprises, en suscitant des vocations chez les jeunes.

Pour ce faire, le pôle s’est tourné dès 2006 vers Terre des Sciences.

Au fil des ans et des conventions entre VEGEPOLYS VALLEY et Terre des Sciences, des actions et des outils diversifiés ont été mis en place dans ce but de sensibiliser les jeunes au monde professionnel du végétal, sous l'appellation déposée "École du Végétal". De ces actions et outils ont émergé différents constats (empiriques), qui ont orienté, peu à peu, la nature des actions de partenariat.

Voici un résumé non exhaustif, mais néanmoins bien dense de ces 16 ans de partenariat…

N’hésitez pas à cliquer sur les titres des parties qui vous intéressent si vous ne souhaitez pas tout lire :

QUELLES ACTIONS ET OUTILS TESTÉS AU FIL DES ANS ?

À DESTINATION DU GRAND PUBLIC

  • Des évènements sur le végétal
  • Des évènements scientifiques
  • Création et diffusion d’expositions sur le végétal
  • Des conférences
  • Des newsletters sur les innovations du végétal

À DESTINATION DES JEUNES

  • Accompagnement à la conception des ateliers scolaires animés à Terra Botanica
  • Accompagnement du volet scolaire “Jardins d’Expression”
  • Animations Jardins dans les écoles
  • Création de ressources

À DESTINATION DES ADOLESCENTS

  • Création d’outils pour découvrir les métiers et formations du végétal
  • Conception et conduite d’animations pour les collégiens et lycéens

À DESTINATION DES ÉTUDIANTS

  • Rencontres des Étudiants Végépolytains
  • Accueil d’étudiants sur des forums professionnels
  • Modules de formation “Métiers du végétal”
  • Module de formation “Jardiniers animateurs”

À DESTINATION DES PRESCRIPTEURS

  • Professeurs en Entreprises
  • Formation des professionnels à l’accueil de publics adolescents

QUELS CONSTATS RÉALISÉS AU FIL DES EXPÉRIENCES ?

QUELS PRINCIPAUX LEVIERS IDENTIFIES FAVORISANT LA DÉCOUVERTE DU PÔLE ?

1 - QUELLES ACTIONS ET OUTILS TESTÉS AU FIL DES ANS ?

ACTIONS À DESTINATION DU GRAND PUBLIC

Une sensibilisation du grand public à l’importance du végétal et à la compréhension des activités de recherche sur le végétal dans le territoire régional, à travers l’organisation et la participation à des évènements locaux et nationaux (visites, fêtes, conférences, newsletters…). Ci-après différents exemples et illustrations :

ÉVÈNEMENTS SUR LE VÉGÉTAL

Les « Rendez-Vous du Végétal » : des visites grand public pour visiter des entreprises et rencontrer des professionnels :

« Végépolys en fête » : un évènement au cœur d’Angers pour faire découvrir aux grand public le pôle de compétitivité et les acteurs du végétal, et tester des actions de « tourisme végétal » (randonnées végétales, partenariat avec le château d’Angers, etc.) :

DES ÉVÈNEMENTS SCIENTIFIQUES

Animation de stands de découverte des sciences du végétal au sein de villages des Sciences des Pays de Loire, dans le cadre de la Fête de la Science, sur des thématiques scientifiques variées : organes souterrains des plantes, circulation de l’eau dans la plante, chemins du paysage, phylogénie du genêt, description botanique des plantes, métiers du végétal, etc.

CRÉATION ET DIFFUSION D’EXPOSITIONS SUR LE VÉGÉTAL

Exposition « Les plantes naissent en Pays de la Loire » installée à l’Hôtel de Région, à Nantes en 2008. Une exposition qui valorise les savoir-faire du territoire régional en matière de création variétale, recherche et production végétales :

Exposition « Histoires d’émergences de maladies des plantes », une exposition pour faire découvrir et comprendre les origines et problématiques liées aux maladies des plantes, inaugurée au Museum d’histoire naturelle à Angers lors de la Fête de la Science en 2017 :

DES CONFÉRENCES

Quelques exemples de conférences organisées en partenariat avec VEGEPOLYS VALLEY et animées par Terre des Sciences avec l’intervention de chercheurs pour faire découvrir leurs sujets et leurs résultats au grand public :

RÉDACTION DE LETTRES D’INFORMATION SUR LES INNOVATIONS DU VÉGÉTAL

Rédaction et diffusion de plusieurs Lettres d’information « Le végétal de demain » par Terre des Sciences, en partenariat avec VEGEPOLYS VALLEY pour favoriser la découverte par le grand public des innovations du végétal et des projets de recherche innovants en végétal :

ACTIONS À DESTINATION DES PLUS JEUNES

Une sensibilisation des plus jeunes à travers des actions variées d’éducation à l’environnement et d’initiation au jardinage :

ACCOMPAGNEMENT À LA CONCEPTION DES ATELIERS SCOLAIRES ANIMÉS AU PARC TERRA BOTANICA

Accompagnement à la construction des ateliers pédagogiques proposés aux scolaires au sein du Parc Terra Botanica durant les premières années d’existence du parc Terra Botanica et formation des animateurs du parc à l’animation de ces ateliers :

ACCOMPAGNEMENT DU VOLET SCOLAIRE « JARDINS D’EXPRESSIONS»

Accompagnement des projets pédagogiques et soutien à la réalisation de jardins par des groupes d’enfants dans les écoles tout au long de l’année, dans le cadre du concours-exposition Jardin d’Expression, organisé et soutenu par la Ville d’Angers et Angers Loire Métropole, de 2015 à 2022 :

ANIMATIONS JARDINS DANS LES ÉCOLES

Animations auprès des scolaires sur des temps d’accueil périscolaires ou scolaires autour des jardins à l’école et du végétal :

CRÉATIONS DE RESSOURCES

Création et acquisition de mallettes pédagogiques et d’expositions sur le végétal et le jardin, ressources qui sont ensuite prêtées aux enseignants, médiathèques, etc. pour diffusion auprès des plus jeunes.

ACTIONS À DESTINATION DES ADOLESCENTS

Des actions de découverte des sciences du végétal et des métiers et formations du végétal pour les élèves du secondaire et leur entourage :

CRÉATION D’OUTILS POUR DÉCOUVRIR LES MÉTIERS ET FORMATIONS DU VÉGÉTAL

Création, animation et diffusion du Jeu Destination Végétal® : un jeu pour découvrir le végétal professionnel, ses métiers et ses formations aux collégiens et lycéens. Du jeu de plateau à l’Escape Game, ce jeu continue d’évoluer au fil des ans et des besoins :

Création et diffusion d’une exposition sur « Le fonctionnement d’une filière professionnelle : exemple du végétal », ainsi que d’une série de portraits vidéos diffusés en ligne, pour faire découvrir la diversité des métiers du végétal, leurs enjeux, défis et les liens entre les grands secteurs d’activités et filières :

Création d’un site internet pour présenter le contexte professionnel du végétal, les métiers, les formations et des ressources pédagogiques à destination des jeunes et de leurs enseignants :

Participation aux groupes de travail sur la création de ressources par d’autres acteurs : travail sur la BD « Jeunes Pousses » en lien avec la chambre régionale d’agriculture – antenne Beaufort en Vallée-, sur la création de la campagne d’affichage des métiers de la filière de l’horticulture ornementale ARFHO, sur le kit de découverte des métiers de l’agriculture avec l’ANEFA, etc. :

CONCEPTION ET CONDUITE D’ANIMATIONS POUR LES COLLÉGIENS & LYCÉENS

Conception et conduite d’animations pour les collégiens et lycéens en classe ou sur des forums d’orientations sur la découverte des sciences et métiers du végétal en lien avec l’orientation :

Le parcours de découverte du végétal : un parcours de visites organisé à la carte pour les classes de collège et de lycée, à la demande, qui leur permet de découvrir in-situ un laboratoire de recherche, une entreprise et un établissement d’enseignement supérieur sur des thématiques végétales :

ACTIONS À DESTINATION DES ÉTUDIANTS

De plus en plus d’actions à destination des étudiants au fil des ans en réponse à une demande croissante des enseignants, qui souhaitent que leurs étudiants en biologie puissent découvrir les innovations et métiers du végétal, et leurs évolutions en lien avec les transitions et les enjeux sociétaux :

RENCONTRES DES ÉTUDIANTS VÉGÉPOLYTAINS

Accueil des étudiants en formation de biologie et/ou végétal à chaque rentrée scolaire pour leur faire découvrir l’organisation du monde professionnel végétal régional lors des Rencontres des Étudiants Végépolytains, un évènement qui a lieu depuis 2011. Au fil des années, le format a évolué de la conférence vers l’Escape Game. 742 étudiants y ont participé en 2023 :

ACCUEIL DES ÉTUDIANTS SUR DES FORUMS PROFESSIONNELS

Organisation par l’Apecita de journées d’accueil des étudiants lors de salons professionnels du végétal, tels que le Salon du Végétal et le Sival, avec une programmation de mini-conférences et d’ateliers sur l’emploi et l’animation, en partenariat avec Terre des Sciences et VEGEPOLYS pour la conception et l’animation de Serious Game sur les innovations en végétal (notamment celles primées dans le cadre des concours d’innovation des différents salons) et pour l’animation d’ateliers philos avec des étudiants et des entreprises sur leurs visions du travail :

MODULES DE FORMATION « MÉTIERS DU VÉGÉTAL »

Interventions de plus en plus nombreuses dans des modules de formation étudiants pour faire découvrir le contexte professionnel du végétal et les innovations et évolutions en lien, notamment, avec les transitions et enjeux écologiques :

MODULE DE FORMATION « JARDINIERS-ANIMATEURS »

Intervention dans des formations pour adultes sur conception et l’animation d’animations scientifiques de découverte du végétal (par exemple, la formation spécialisation d’initiative locale (SIL) Jardiniers Animateurs proposée au CFPPA du Fresne) :

ACTIONS À DESTINATION DES PRESCRIPTEURS

Information et formations de prescripteurs auprès des jeunes, afin que ceux-ci puissent informer à leur tour les jeunes sur les métiers du végétal d’aujourd’hui :

PROFESSEURS EN ENTREPRISE

Terre des Sciences est partenaire de la Fondation C’Génial pour organiser quelques visites d’entreprises dans le cadre de leur action « Professeurs en Entreprises » en Région Pays de la Loire. En 2017, le pôle VEGEPOLYS VALLEY ouvrait ses portes aux enseignants et en 2022, un parcours de découverte de structures professionnelles du végétal a été inscrit au programme de visites, incluant deux grandes entreprises du végétal du territoire (Bioplants et Vilmorin-Mikado) ainsi que la présentation du pôle VEGEPOLYS VALLEY et un groupement d’employeurs :

FORMATION DES ENTREPRISES À L’ACCUEIL DES PUBLICS ADOLESCENTS

Chaque année, à Angers, a lieu un évènement de portes ouvertes des entreprises à destination du grand public et des scolaires, « Made In Angers ». À la suite de soucis rencontrés par plusieurs entreprises lors de la visite de publics scolaires adolescents, Terre des Sciences a proposé aux organisateurs de l’évènement de former les entreprises volontaires à l’accueil de publics adolescents. Le but était de favoriser l’accueil de ces publics jeunes, de fournir aux entreprises des outils à mettre en place pour mieux vivre ces rencontres avec les jeunes et de proposer des visites les plus intéressantes possibles pour ces jeunes.

Initiée en 2020, cette formation est depuis renouvelée chaque année et les retours des entreprises sont très positifs quant à l’aide que cela leur apporte et sur la nature plus constructive de leurs rencontres avec les jeunes :

2 – QUELS CONSTATS RÉALISÉS AU FIL DES EXPÉRIENCES ?

CONSTAT N°1 : des représentations inexistantes ou négatives des métiers du végétal, souvent éloignées des réalités

A partir de 2012, sous l’impulsion des programmes Investissements d’Avenir (qui finançaient les actions de découverte économiques pour les jeunes), les animations réalisées auprès des publics adolescents et étudiants ont inclus le recueil des visions de ces jeunes sur les métiers du végétal au début des parcours.

Ce recueil des verbatims des jeunes révélait systématiquement des représentations très négatives de leur part sur les métiers du végétal…

TOP 3 des stéréotypes négatifs les plus répandus :

Des métiers solitaires : l’émission « L’amour est dans le pré » leur donnait l’impression que les métiers liés à l’agriculture constituaient un frein aux relations sociales et limitaient ainsi l’épanouissement personnel et les projets de famille.

Des métiers archaïques : mains dans la terre, dos courbé, fatigue intense, problèmes de santé précoces, les métiers de l’agriculture étaient vus comme des métiers forcément pénibles et éreintants.

Des métiers qui n’étaient pas associés à une forme de « réussite » : non rémunérateurs, sans reconnaissance de la société ou des pouvoirs publics (ils évoquaient les manifestations des agriculteurs, les suicides des agriculteurs…), ces métiers n’apportaient pas suffisamment de reconnaissance.

Comment avons-nous tenté d’y remédier ?

  • En concevant et utilisant des formats de médiation de plus en plus immersifs pour les publics (passer des découvertes à des mises en situations) :

Pour favoriser la découverte par les publics, tout en nous adaptant aux besoins de ces publics de vivre des expériences tout autant que d’apprendre, nous avons fait évoluer au fil du temps nos formats de médiation en accentuant le développement de jeux, de supports interactifs aux formats multiples pour diversifier les approches et de découvertes immersives. Du jeu de cartes ou de plateau à la visite d’entreprise composée de défis en équipes, en passant par l’Escape Game, les outils développés cherchent sans cesse à s’adapter à ces objectifs. Parce qu’« expérimenter » un métier facilite une meilleure compréhension de celui-ci et du quotidien du professionnel que de seulement le « voir » en action.

Un exemple de support est l’Escape Game « Dans la peau d’un pro » où une équipe va pouvoir découvrir le métier de sélectionneur végétal en réalisant des défis successifs, les mêmes défis que doit surmonter le professionnel dans son métier. L’équipe doit réussir le défi pour débloquer le défi suivant, à l’image du processus de création variétale auquel fait face le professionnel.

  • En élargissant la sensibilisation des jeunes à tous les âges :

Au fil des opportunités et projets, des actions ont été développées pour des publics de tous les âges : de la maternelle aux étudiants !

Ceci a été facilité par le développement des Temps d’Accueil Périscolaires, du Concours Jardins d’Expression (concours angevin de création d’un jardin qui comportait un volet pour les scolaires), le développement de projets de plus en plus nombreux pour les étudiants en formation sur le sujet du végétal, etc.

Parce que pour éviter la construction de représentations en décalage avec la réalité, le meilleur moyen est encore de faire découvrir cette réalité aux enfants avant qu’ils soient confrontés aux stéréotypes.

Quel(s) impacts sur les publics ?

  • Le secteur végétal de mieux en mieux repéré à l’échelle régionale

L’existence depuis 20 ans du pôle est reconnue tant par les pouvoirs publics qui accordent une attention particulière dans leur financement et propres actions liées aux jeunes que par le grand public qui connait cet atout du territoire. Par exemple, une page a été dédiée au végétal dans le magazine du Conseil Général 49. La présence du parc Terra Botanica a favorisé et contribué également à cette reconnaissance sur le territoire régional, et ce dès le plus jeune âge.

  • Nous avons également observé au fil des éditions des Rencontres des Étudiants Végépolytains que certains éléments sur la connaissance de l’importance du végétal régional étaient déjà acquis par les étudiants en amont du jeu.


    • Une évolution positive des perceptions des métiers

    Nous avons également observé au fil des ans une évolution dans les qualificatifs utilisés pour évoquer les « a-priori » positifs et négatifs sur les métiers du végétal :

    En ce qui concerne les qualificatifs négatifs, les métiers ont d’abord été essentiellement qualifiés de « fatigants », « physiques », « sales », « solitaires », « monotones », « routiniers » dans les dix premières années. Ils ont ensuite été adjoints de qualificatifs tels que de « complexes », « techniques », « minutieux », « nécessitant beaucoup de savoir-faire et de patience », « multitâches » une dizaine d’années plus tard, ce qui révèle des visions qui ont davantage intégré le degré de modernité et de technicité des métiers. Nous pensons que ces évolutions sont un résultat d’actions de découverte du végétal par l’approche scientifique réalisées auprès des plus jeunes mais cela n’a pas été directement évalué, faute de moyens.

    En ce qui concerne les qualificatifs positifs, on a observé une évolution vers des visions plus citoyennes des métiers du végétal, dans un mouvement de retour à la terre, avec une vision plus « noble » des métiers :

    Synthèse des retours de 65 étudiants en L1 SVT de l’UCO- Angers interrogés à la rentrée 2020.
    Synthèse des retours de 65 étudiants en L1 SVT de l’UCO- Angers interrogés à la rentrée 2020.

    Enfin, la reconnaissance professionnelle du pôle et des savoir-faire du végétal aux niveaux national et international ont contribué également à donner une image de secteur innovant au végétal régional.


    CONSTAT N°2 : Un fossé difficile à réduire entre les jeunes et les professionnels


    COTÉ JEUNE : un public de plus en plus éloigné des réalités professionnelles car…


    • Un public jeune de plus en plus volatile :

    En animation auprès des jeunes, nous observons une difficulté grandissante au fil des ans pour ces jeunes à maintenir une capacité à se concentrer en général, y compris lors d’actions de sensibilisation.

    Comment y remédier ?

    Privilégier des actions de découverte courtes mais répétées dans le temps pourrait être une piste à creuser, avec la difficulté de trouver les moyens nécessaires à la multiplication de ces actions (multiplication des coûts des déplacements, mobilisation des acteurs professionnels, etc.).

    Une autre solution mise en place est la conception d’animation très interactives et impliquantes avec des formats très diversifiés au cours d’une même séance. Mais quid de l’éducation au travail et à l’effort pour ces jeunes pour que, demain dans leur futur milieu professionnel, ils puissent mener un projet jusqu’au bout sans le recours à des formats de divertissement ?


    • Un public jeune au comportement éloigné des codes de posture professionnelle :

    Que ce soit en classe ou en dehors du milieu scolaire, on observe également une difficulté de plus en plus prégnante chez les jeunes à connaître, évaluer et respecter les règles d’un vivre ensemble professionnel, telles que respecter des règles de politesse dans la communication ou faire la différence entre vie professionnelle et vie privée (dans les questions qui sont adressées aux intervenants professionnels tout autant que dans leur expression à propos d’eux-mêmes ou dans leurs comportements (par exemple se remaquiller en classe pendant une animation, etc.). Cela peut accentuer le fossé entre les jeunes et les professionnels, que ces comportements peuvent repousser.

    COTÉ ENTREPRISE : des difficultés à comprendre les attentes des jeunes en matière d’emploi :

    D’un côté les entreprises du végétal sont nombreuses à formuler l’attente que des jeunes s’engagent sur le long terme à la sortie de leurs études et un investissement personnel important (implication, gestion du temps au travail et conditions de travail).

    De l’autre, des jeunes qui disent vouloir prendre le temps d’explorer différents types d’emplois et d’entreprises, voire de le faire à l’international, avant de s’engager, et pour qui la place de l’emploi n’est pas nécessairement centrale dans leur vie.

    Cela engendre des difficultés à mettre en place un dialogue sincère et apaisé entre ces deux types d’acteurs.

    DES DEUX COTÉS : une difficulté à mettre en place des actions de rencontres entre les jeunes et les entreprises sur le moyen et long terme par manque de temps :

    Les animations favorisant les rencontres entre les jeunes et les professionnels sont le plus souvent organisées en « one shot » faute de temps et de moyens disponibles pour cela dans les établissements et les entreprises.

    Or, développer une relation de confiance qui permette des échanges plus authentiques et approfondis demanderait une échelle de temps plus longue.

    La difficulté d’une part à mobiliser les entreprises (qui ne voient pas toujours l’intérêt qu’elles peuvent avoir à multiplier ces rencontres car n’ont pas de retour immédiat sur investissement) et d’autre part à disposer de créneaux horaires suffisants dans le cadre des cursus de formations du côté des établissements scolaires (avec des programme denses), , semble constituer un frein à la construction d’une interconnaissance suffisante à réduire le fossé entre les jeunes et les professionnels du végétal.

    Comment avons-nous tenté d’y remédier ?

    En mettant en œuvre des outils pour favoriser un véritable dialogue entre les jeunes et les professionnels.

    La communication des professionnels vers les publics est passée d’une forme descendante, de transmission de savoirs, à un mode plus interactif puis à un mode d’échange bilatéral, tendant à un véritable dialogue.

    Un exemple qui illustre très bien cette évolution est l’action des Rencontres des Étudiants Végépolytains : à chaque rentrée scolaire, les étudiants qui arrivent en formation de biologie ou en lien avec le végétal sont accueillis à Terra Botanica, le temps d’une introduction au contexte professionnel du végétal.

    Ces rencontres consistaient initialement en une conférence introductive au monde professionnel du végétal, à ses acteurs, à ses secteurs d’activités, à son organisation. Et en une sensibilisation à l’innovation dans le secteur. Cette conférence était complétée par une visite libre du parc Terra Botanica.

    Devant la difficulté à mobiliser l’attention des étudiants tout au long de la conférence, même lorsque celle-ci a été rendue plus interactive, l’idée d’un jeu en équipes (inspiration Escape Game)

    pour découvrir les éléments clefs délivrés par la conférence a été lancée et mise en œuvre en 2018. La mobilisation des étudiants a alors été beaucoup plus enthousiaste et les réactions très positives.

    Mais il manquait encore un élément important, afin de rendre cette rencontre plus profitable à tous : puisque nous recevions des centaines d’étudiants à chaque rentrée, pourquoi ne pas profiter de leur présence pour récolter leurs visions des métiers et du végétal, leurs attentes, leurs messages vis-à-vis du monde professionnel du végétal et les transmettre aux filières ? Ce fut chose faite également à partir de 2018, avec un premier sondage réalisé à l’occasion de ces rencontres. Nous avions dès lors une passerelle entre les professionnels et les jeunes qui fonctionnait à double-sens pour amorcer un dialogue.

    Cette passerelle a mis en évidence des décalages évidents entre les attentes des jeunes et celles des professionnels en matière d’emploi. Comment, dès lors, pousser plus loin le dialogue entre les deux, afin qu’ils puissent mieux se connaître, échanger et coconstruire des futurs communs ?

    C’est tout l’enjeu qui est désormais posé. Une première expérimentation a été lancée début 2024, avec la mise en place d’ateliers philos sur le travail, au sein du salon professionnel du Sival. Pour cette première expérimentation, peu de professionnels ont participé à ces discussions avec les étudiants mais les quelques premiers échanges ont laissé entrevoir un champ des possibles qu’il serait intéressant de creuser dans les prochaines années.

    Cette évolution de formats de « découverte et informations » vers un format plus réciproque accompagne aujourd’hui les différents champs d’actions.

    CONSTAT N°3 : une augmentation du nombre de filières professionnelles en tension

    Il y a de plus en plus de secteurs professionnels en tension en matière de recrutement depuis plusieurs années, et non plus seulement quelques secteurs comme le végétal. Il y a donc une augmentation du nombre de secteurs ayant besoin de se faire connaître et de faire découvrir leurs métiers.

    Cela a entraîné la multiplication d’actions de sensibilisation aux métiers des différents secteurs, ce qui « noie » les actions de découverte du secteur professionnel végétal parmi les acteurs de tous les secteurs professionnels.

    Comment y remédier ?

    Afin d’éviter une démultiplication trop importante d’actions de découvertes professionnelles pour les publics, ce qui limitera forcément l’impact auprès de ces publics (trop d’offres tue l’offre), il nous semble pertinent de mutualiser les actions de découvertes professionnelles avec les secteurs d’activité en tension en veillant à ce que chaque secteur y soit représenté, afin que chaque jeune potentiellement intéressé par l’un de ces secteurs puisse avoir accès à la découverte de ce secteur.

    Le conseil d’administration de VEGEPOLYS VALLEY priorise désormais l’inclusion du secteur végétal dans des actions déjà existantes multi-secteurs plutôt que la création de nouvelles actions orientées uniquement sur le végétal.


    CONSTAT N°4 : pas de sensibilisation possible sans le soutien des pouvoirs publics et des filières professionnelles !

    Si le pôle VEGEPOLYS VALLEY a soutenu financièrement les actions de sensibilisation des publics au végétal au fil des ans, la plupart des actions n’auraient jamais pu être réalisées sans le soutien de la Région Pays de la Loire et des collectivités locales.

    Comment avons-nous combiné les différentes expériences menées au fil du temps avec les sources de financement (complémentaires à ceux de VEGEPOLYS VALLEY) dont nous pouvions disposer ?

    1. Des programmes qui ont permis de financer des actions de promotion de la Recherche et des métiers en végétal :

    • Programme Investissement d’Avenir (PIA) :

    Le PIA est un programme lancé en 2010 par l'État français pour financer des projets innovants et structurants dans des secteurs clés pour l'économie et la société. Il vise à renforcer l'excellence de la recherche, à favoriser le transfert de technologies, à développer la formation et l'emploi, à accélérer la transition écologique et à moderniser l'action publique

    --> De 2012 à 2016, Terre des Sciences lauréat du PIA a pu financer des actions de découverte des métiers et formations du végétal.

    • Programme Recherche – Formation – Innovation (RFI) Objectif Végétal :

    Les programmes RFI étaient des projets régionaux soutenus par la Région Pays de la Loire qui visaient à construire, avec l’ensemble des acteurs concernés, un projet stratégique d’une durée de 5 ans sur un thématique professionnelle jugée à fort potentiel pour le territoire régional, en renforçant les synergies entre les trois volets Recherche – Formation - Innovation.

    --> De 2017 à 2022, Terre des Sciences a été partenaire du RFI Objectif Végétal pour faire le lien entre la Recherche, la Formation et l’Innovation en végétal et les jeunes, en développant notamment le portail Votre Avenir Végétal et en favorisant la découverte des sciences du végétal et le végétal par les publics, notamment les élèves du secondaire.

    2. Des financements régionaux pour financer la stratégie régionale de la Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CSTI) en Région Pays de la Loire

    Financements de la Région des Pays de la Loire sur la découverte professionnelle des métiers scientifiques et techniques jusqu’à 2022, puis les financements ont été orientés sur la découverte de la recherche et sur la thématique des transitions depuis 2023.

    4. Le Pass Culture : des actions de découverte scientifique financées par l’État

    L’offre collective du Pass Culture, déployée par les Ministères de la Culture et de l’Education Nationale, est destinée aux élèves de la quatrième à la terminale et leur permet de vivre des expériences en groupe avec les partenaires culturels dans le cadre de sorties et de rencontres collectives depuis 2022.

    --> Terre des Sciences a pu inscrire des actions de découvertes des sciences et métiers scientifiques du végétal dans l’offre proposée aux classes.

    5. Des soutiens financiers des collectivités locales

    • Soutien de l’agglomération d’Angers :

    La ville d’Angers est sensible au développement de la culture scientifique sur ses territoires et soutient des partenaires culturels via des conventions annuelles.

    --> Depuis ses premières années, Terre des Sciences est soutenu par Angers Loire Métropole.

    • Soutien du conseil départemental :

    Le département du Maine-et-Loire a soutenu depuis la création de l’association les actions de Terre des Sciences , notamment avec la mise en place de la Fête de la Science en Maine-et-Loire.

    --> Jusqu’en 2024, Terre des Sciences recevait une subvention du conseil départemental pour assurer ses missions de découverte des sciences et métiers.

    6. Des montages de projets sur actions

    Terre des Sciences cherche également de plus en plus à répondre à des appels à projets ciblés sur des actions qui rentrent dans ses champs de missions et de compétences, par exemple en lien avec l’orientation en Pays de la Loire.

    7. Des prestations payantes pour équilibrer les budgets

    Pour compléter les financements et équilibrer le budget, Terre des Sciences propose également des prestations payantes, telles que :

    • Des prestations dans le cadre de formations universitaires
    • Des interventions en réponse aux demandes, etc.
    • Des partenariats pour être relais de structures nationales sur le territoire régional (actions « Ingénieurs et Techniciens dans les classes » et « Professeurs en Entreprise » avec la Fondation C’Génial).

    8. Des soutiens publics financiers en perte de vitesse ces dernières années :

    Avec la fin du Programme RFI Objectif Végétal et la redéfinition de la stratégie régionale de la CSTI (l’axe « découverte économique » ne fait plus partie des priorités régionales sur le champ de la culture scientifique, technique et industrielle), ainsi que la suppression du soutien financier du conseil départemental en 2024, le soutien des filières professionnelles est plus que jamais indispensable à la poursuite des actions de découverte et de sensibilisation au végétal, à ses sciences et ses métiers.

    3 – SYNTHÈSE DES LEVIERS IDENTIFIÉS COMME FACTEURS DE RÉUSSITE AUX ACTIONS DE SENSIBILISATION

    Des différentes actions menées et à travers les évolutions précédemment décrites, vous aurez sans doute déjà deviné la plupart des leviers que nous avons identifiés comme facilitant la sensibilisation des jeunes aux métiers… en voici les grandes lignes :

    Une découverte dès le plus jeune âge : il faut favoriser la familiarisation à un univers pour que, un peu plus tard, un jeune s’y intéresse et puisse l’envisager comme une orientation professionnelle éventuelle. On ne peut pas choisir ce qu’on ne connaît pas et l’orientation est un processus qui se déroule tout au long de la vie.

    L’utilisation de formats de médiation immersifs et ludiques (démarche « dans la peau de », « Serious Game », etc.)

    L’utilisation d’exemples concrets et d’anecdotes en matière de discours plutôt que des généralités et des grandes missions, pour évoquer les métiers et faire comprendre les enjeux et défis. Lors d’une animation “Qui est qui” par exemple, là où les élèves étaient très passifs, voir sans réaction, durant une présentation assez magistrale du métier de chargée d’étude en protection des végétaux, ils se sont immédiatement mobilisés quand nous les avons invités à trouver des solutions à une problématique très concrète. Il s’agissait de trouver une solution pour lutter contre un ravageur. Cette problématique était de plus présentée de manière tangible (carte des espaces verts par ex).

    La formation des professionnels à faire découvrir leurs métiers de façon compréhensible et intéressante pour tous. Les professionnels sont experts de leur secteur d’activité, mais ne sont pas formés à la pédagogie. Accompagner et former les experts à adapter leurs discours et formats aux différents publics, notamment les jeunes, est incontournable. Mieux vaut pas de visite d’entreprise qu’une visite incompréhensible pour faire découvrir les métiers !

    La nécessité de relayer aussi les perceptions des jeunes auprès des professionnels pour tendre vers un véritable dialogue entre les jeunes et la société scientifique et technique, et tenter de réduire le fossé entre jeunes et professionnels.

    Des interlocuteurs professionnels pertinents : en tant que médiateurs scientifiques, bénéficier d’interlocuteurs représentant les différents professionnels d’un secteur est un vrai plus. En effet il peut être à la fois un porte-parole des attentes des professionnels vers les médiateurs et disposer des capacités à mobiliser les professionnels pour la réalisation d’actions de sensibilisation. C’est le cas avec des acteurs d’un pôle de compétitivité. Disposer sur son territoire d’un secteur d’excellence ne suffit pas pour sensibiliser les publics : il faut avoir au sein de ce secteur professionnel un interlocuteur motivé par l’action et qui puisse être un relais enthousiaste auprès de l’ensemble des professionnels.

    Bénéficier de moyens suffisants pour faire tout cela : le soutien des pouvoirs publics et des filières professionnelles est indispensable pour disposer de moyens suffisants pour concevoir, conduire et diffuser des actions et outils de découverte des sciences, innovations et métiers pour les publics.

    Charlène BUCHALET – Chargée de mission - Terre des Sciences

    Emmanuelle ROUSSEAU – Responsable Communication VEGEPOLYS VALLEY

    Lucile HEARD-CHAPELET – Responsable Croissance Entreprises et Territoires - Agence Ouest – VEGEPOLYS VALLEY

    Vincent MILLOT – Directeur Terre des Sciences