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Ines Albandea, décoder les dynamiques d’insertion des jeunes sur le marché du travail

Publié par EchoSciences Pays de la Loire, le 20 novembre 2023   740

Qu’elles se consacrent à la biologie, à l’informatique, aux mathématiques ou à d’autres domaines, les chercheuses ligériennes contribuent activement à élargir les horizons de la recherche en Pays de la Loire. Nous sommes donc partis à leur rencontre aux quatre coins de la région pour rencontrer des femmes remarquables. À travers ces portraits imagés, vous découvrirez des chercheuses engagées et passionnées. 

Ines Albandea a rejoint l'Université de Nantes et le CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes) en 2020 en tant que maîtresse de conférences en sciences de l'éducation et de la formation, se distinguant par sa spécialisation en économie de l'éducation. Ses travaux de recherche visent à évaluer l'influence de l'éducation et de la formation sur l’insertion des jeunes sur le marché du travail. 

C’est dès la 3ème année de licence d’économie d’Ines Albandea que son futur directeur de thèse s’intéresse à son travail. Ce dernier l’accompagne tout au long de son master à l’Université Bourgogne Franche-Comté et la pousse à poursuivre en doctorat au sein du laboratoire IREDU.  Alors, pourquoi se consacrer à la recherche en sciences de l'éducation ? « Comme une bonne sociologue, je dirais que c’est l’éducation que j’ai reçu de ma famille » Sa mère, une institutrice engagée, notamment dans le mouvement pédagogique Freinet, l'a baignée dans un environnement propice à la réflexion sur les questions pédagogiques et éducatives. « Je pense qu’elle m’a donné le goût de ça [sciences de l’éducation], et elle m’a poussé à vouloir prendre du recul, et donc de m’intéresser à la recherche »  

Depuis plusieurs mois, Ines a lancé un nouveau projet de recherche COSOFT. Celui-ci est lauréat de l’appel à projet « Etoiles Montantes » de la Région Pays de la Loire qui accompagne les jeunes chercheurs prometteurs dans le développement de leurs projets.    

Mettre en lumière les représentations du monde du travail 

Ines travaille sur les questions d’insertion des jeunes sur le marché du travail. Depuis la crise sanitaire et la reprise de l'activité, les entreprises font face à une pénurie de main d’œuvre et elles n’arrivent plus à recruter. L'objectif de son travail est d'analyser ce contexte spécifique du marché de l'emploi et de et tenter de comprendre les tendances actuelles. Le contexte actuel se caractérise par une double dynamique : d'une part, une demande accrue de la part de la part des entreprises en termes de savoir-être ; d'autre part, un contexte éducatif qui promeut le développement de compétences transversales, fréquemment identifiées dans le domaine des sciences de l'éducation sous l'appellation de "compétences sociales". « Je veux m’interroger sur ce que valorise la société à un instant donné et notamment ce que valorisent les entreprises »   

De gauche à droite, Ines Albandea, Arthur Imbert et Manuella Roupnel

Comment ce travail de recherche se traduit-il ?  

Avec son équipe composée d’Arthur Imbert (Post-doctorant, sociologue) et de Manuella Roupnel Fuentes (Maîtresse de conférences en sciences de l'éducation et de la formation), Ines Albandea construit son travail de recherche en allant à la rencontre des entreprises et des jeunes. Ils ont déjà mené plus de quarante entretiens avec des employeurs et environ quatre-vingts entretiens avec des jeunes issus de filières à divers degrés de sélectivité, ainsi qu'avec des individus en difficulté d'insertion professionnelle.  

L’enjeu consiste à analyser ces discours au prisme de la littérature scientifique afin de comprendre les divergences de points de vue et de les confronter. Une approche innovante, étant donné que peu d'études antérieures se sont penchées sur la perspective des employeurs, en particulier avec une approche qualitative. Cette démarche vise à expliquer, du moins en partie, les problèmes de recrutement en mettant en évidence les différences de perception et de représentation, notamment concernant la notion de "motivation" qui, souvent évoquée par les employeurs, peut être définie de diverses manières selon leurs caractéristiques sociales et leur parcours antérieur, mais aussi par certains des jeunes interrogés. Cette approche qualitative sera complétée par une enquête quantitative. Selon Ines, l'adoption de cette méthodologie mixte est essentielle dans son travail de recherche. Elle estime qu'elle permet de dégager des tendances tout en les éclairant à travers des expériences personnelles, offrant ainsi une compréhension plus complète des dynamiques à l'œuvre. 

« Je pense qu’en tant que chercheur, nous sommes forcément influencés dans nos choix de sujets par notre façon de penser et idéologies et ce n’est pas grave. »  

En tant qu'économiste de l'éducation, Ines Albandea se consacre à l'analyse des politiques et dispositifs éducatifs. Pour les chercheurs de ce domaine, le défi majeur réside dans l'évaluation objective des impacts engendrés par ces dispositifs et politiques. « En tant que chercheur l’objectif est de nous extraire de nos pensées, de nos idéologies et a priori » 

Cette quête d'objectivité est une constante dans le domaine des sciences sociales, où les résultats de recherche sont souvent influencés par la subjectivité des chercheurs. Cependant, les sciences sociales apportent un éclairage essentiel sur le fonctionnement d'une société. 

Dans le cas des recherches d’Ines, les résultats auront le potentiel de guider les entreprises, les organismes publics, ainsi que les jeunes eux-mêmes vers une meilleure appréhension des enjeux du marché de l'emploi. À travers les conclusions de ses travaux, Ines Albandea aspire à mettre en évidence des tendances significatives, à fournir des clés de compréhension, et à susciter des pistes d'amélioration pour l'insertion professionnelle des jeunes. 

Article écrit par Maéna Gérault pour EchoSciences Pays de la Loire